sous-titre : Faire des cordes ou Jouer à la poupée ?
Première Question : Conscience / Honnêteté / Bienveillance ?
Première question à laquelle il est souhaitable de réfléchir, au jour le jour et en-dehors des séances : « Lorsque je fais des cordes, suis-je dans le désir de faire du shibari, ou bien de jouer à la poupée / aux playmobils ? »
Ce n’est pas que cette première question – un brin provocatrice, je vous le concède – soit plus importante que celles liées directement à la sécurité, la compétence et l’empathie … mais elle détermine tout le reste, et en particulier :
- votre Conscience profonde des risques courus par votre partenaire et votre gratitude envers lui ou elle pour cela (vous, vous ne risquez rien, à part une tendinite, peut-être),
- votre Honnêteté dans l’auto-évaluation de vos compétences du moment,
- ainsi que votre Bienveillance et votre aptitude à prendre soin de l’autre, quand bien même vous n’en tireriez pas de satisfaction personnelle flagrante.
Deuxième Question : Prestataire de services ?
Mais vous n’avez pas que des devoirs, vous n’êtes pas (qu’)un·e prestataire de services shibaristiques, à moins que ce soit votre kink. Vous avez aussi vos désirs et vos limites, et parce que ce sont VOS désirs et VOS limites, elles sont légitimes. Reste plus qu’à les énoncer clairement à votre futur·e partenaire le jour J … et accepter l’idée de renoncer à la séance si cela ne matche pas entre vous.
Et pour cela, il est mieux d’y réfléchir et de se poser quelques questions à l’avance, que je vous propose ci-dessous, classées en deux parties :
- une première partie : « Ai-je envie de … ? » , pour prendre soin de vos désirs,
- et une partie « Suis-je prêt·e à … ? », pour prendre soin de vos limites.
Donc, voici les questions à se poser lorsqu’on est attacheur ou attacheuse :
Mes désirs
- Ai-je envie de câliner avec mes cordes, de procurer du confort à mon/ma modèle ?
- Ai-je envie de lui faire ressentir de la douleur ? un peu ou beaucoup ?
- Ai-je envie d’échange de pouvoir, et de malmener (plus ou moins) mon/ma partenaire ?
- Ai-je envie de pousser l’autre vers ses limites, aussi bien physiques (torsion, cambrure, etc) que psychiques (mind fucking) ?
- Ai-je envie de tendresse et d’affection ? ou au contraire, ai-je envie de garder mes émotions amoureuse/affectives en dehors de tout ça ?
- Ai-je envie d’intimité avec mon/ma modèle ? de plus ou moins le/la déshabiller, de plus ou moins le/la toucher sensuellement, de plus ou moins être en interaction sexuelle avec, et comment ?
- Ai-je envie, pour tout ce qui est listé au-dessus, d’une séance au sol, en semi-suspension ou en suspension ?
- Ai-je envie principalement d’obtenir de belles photos ?
- Ai-je envie d’une séance en mode « exercice », pour réviser mes compétences ?
- Ai-je envie d’une séance en mode « challenge », afin d’essayer (et de réussir) une figure nouvelle ?
Mes limites
- Suis-je prêt·e à demander à mon/ma modèle son safeword avant la séance, et à défaire tout s’il est prononcé, sans argumenter pour continuer quand même, juste un petit peu, juste pour les dernières photos ?
- Suis-je prêt·e à couper mes cordes en cas d’urgence ? … avec un degré de réaction rapide ? (Rappel, c’est votre modèle qui prend les risques : potentiellement d’aller à l’hôpital, ou consulter un·e médecin le lendemain, se taper des séances de kiné, être handicapée·e dans la vie de tous les jours pendant de longues semaines. Vous, vous ne risquez d’avoir que des cordes à racheter).
- Suis-je prêt·e à lui révéler MES limites ? … par exemple : « Je suis énervé·e / triste … Tu es arrivé·e avec 30 minutes de retard même si je sais que tu as eu un contre-temps. Mais je préfère qu’on ne fasse pas de cordes, ou, en tout cas, qu’on se prenne le temps de se connecter avant de les sortir. »
- Suis-je prêt·e à accepter SES limites ? … et sans frustration personnelle qui rejaillirait sur ma façon d’encorder pendant la séance, ni animosité si elles changent en cours de séance ?
- Suis-je prêt·e à être à son écoute avant, pendant, après ainsi que les jours suivants si nécessaire ?
Conclusion
Une fois que vous aurez répondu pour vous-même à ces questions – et cela peut changer de semaine en semaine – acceptez les, soyez vous-même le Jour J.
Pour aller plus loin :